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Numérique : les techno-septiques terrassés par le Coronavirus

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La situation actuelle est particulière à bien des égards. Des voix s’élèvent un peu partout pour espérer qu’il y aura un « avant » et un « après » dans de multiples domaines, et pour dénoncer le fait que la hiérarchie des valeurs intervenant dans nos prises de décision est à revoir :

  • L’indépendance économique est un graal, donc par nature inaccessible n’est déplaise à certaines tendances anti-mondialisation. Néanmoins, pour des produits et services appartenant aux fonctions régaliennes

[1] ou celles de répartition de ressources de l’état, il faut favoriser la disponibilité et non seulement le coût de distribution.

C’est d’autant plus prégnant quand il s’agit de la santé publique ou de l’éducation, indispensables aux habitants.

Donc oui, on peut espérer que cette pandémie permettra à chacun de réguler et d’agir à son niveau avec d’autres prismes de lecture que celui de l’économie. Et par exemple, l’explosion du télétravail montre aussi que nous pouvons penser nos pratiques et donc déplacements professionnels en fonction de l’empreinte carbone.

La maturité des organisations a été mesurée à leur capacité à permettre le télétravail, lorsque c’était possible en toute sécurité

L’utilisation du numérique a été décisif dans l’action de l’état et là encore on assiste à une dématérialisation éclair et massive :

  • Utilisation des opérateurs téléphoniques pour diffuser des messages d’alerte
  • Mise en ligne d’informations, téléchargement des attestations de déplacement
  • Dématérialisation par Bercy des accès à toutes les aides financières etc…

Finalement en cette période « extraordinaire », on remarque aussi que les GAFAM deviennent les meilleurs amis de tout le monde.

On échange avec nos amis sur notre quotidien sur les réseaux sociaux qui comme à leur habitude (de ce côté-là rien ne change) sont à la fois la meilleure et la pire de chose. Le plus dur est de faire le tri entre l’information, la désinformation … et de jauger la limite anxiogène tolérable pour soi- même.

A noter le site solidarité.numérique.fr qui permet d’avoir un grand-nombre d’informations sur des domaines divers.

La rapidité avec laquelle toutes les solutions numériques ont été mises en œuvre montre bien la puissance de l’écosystème.

Et le projet FoldingHome qui permet d’agréger les puissances dormantes des PC de tout un chacun afin de créer un supercalculateur virtuel, s’est aussi engagé dans la lutte contre le Covid-19.

Pas encore de plan concret du côté du gouvernement français pour exploiter les données personnelles dans la lutte contre le coronavirus ; en l’état de notre législation, seule la lutte contre le terrorisme permet cette utilisation. Des exploitations ont eu lieu mais en données anonymisées ce que permet la CNIL : par exemple, on a pu observer que 17% de la population des franciliens avait quitté la capitale.

Certains pays se sont posés moins de questions : Corée du Sud, Chine, Israël, République Tchèque, Italie, Allemagne.

En Chine, A Pékin, un système scanne les voyageurs de la gare Qinghe au rythme de 200 personnes par minute. En combinant l’infrarouge et la reconnaissance faciale, le système permet de mesurer la température et si elle dépasse 37,3 degrés, une alarme se déclenche. Le personnel de la gare effectue alors un deuxième test.

En Italie, les opérateurs de téléphonie ont fourni des données de localisation qui ont démontré que 60% des gens seulement restaient à domicile en respectant les consignes.

On peut se dire qu’en cas de crise sanitaire de tels recours sont légitimés mais le retour en arrière sera-t-il effectif ?

Néanmoins, s’il y a un domaine où il y aura effectivement un avant et après, c’est bien les rapports qu’entretient la santé au sens large avec le numérique.

On assiste à une explosion des téléconsultations qui représentent maintenant 11% des consultations totales contre 1% avant la crise liée au Coronavirus. 11% des médecins généralistes avaient recours à cette pratique contre 44% maintenant. Il y aura surement une vague de reflux, mais je pense que le recours à la téléconsultation est désormais bien ancré. Surtout, la situation a démontré qu’il n’est plus seulement la solution pour les déserts médicaux en campagne, mais qu’il est également possible de le promouvoir en ville et c’est sans doute là l’avancée la plus spectaculaire.

Pour le social et le médicosocial, les utilisations ont été multiples :

Nos ainés ont pu garder un lien avec leur proches grâce à des entretiens en visio. Les initiatives se sont multipliées pour donner du matériel afin de pouvoir assurer ce maintien du lien familial.

Les transmissions numériques des soignants ont pu être facilement partagées avec des parents dans des établissement comme les FAM ou MAS en confinement.

La prise de connaissance des personnes accompagnées est facilitée par l’outil numérique dans ces périodes où le recours au travail temporaire explose dans ces structures.

Une grande partie des personnels administratifs a aussi pu bénéficier du travail à distance afin de réduire leurs interactions.

Un grand nombre de start-up ont mis leur savoir-faire à la disposition des organisations afin de faciliter la transmission d’information et la détection des personnes en souffrance ou en danger.

Une fois ces outils installés, il n’y aura pas de total retour en arrière.

Le virage numérique voulu par le plan #masanté2022 est resserré par la situation particulière que nous vivons. Il aura amené les organisations numéricoseptiques à se remettre en cause et comprendre que le numérique est un passage obligé … mais bénéfique.

Affaire à suivre …

    

[1] Police, Justice, Défense